La Critique : Octopath Traveler
Octopath Traveler arrive sur Nintendo Switch après son annonce en Janvier 2017. Recette de combat du passé, graphismes en 2D HD, alors, ce parfum de nostalgie prend-t-il ?
Support : Switch – Développeur : Acquire / Éditeur : Square Enix – Genre : RPG – Sortie : 13/07/18 – PEGI 12+
Un parfum de chez grand-mère…
La première chose qui nous saute aux yeux sur Octopath Traveler c’est bien sur les graphismes en 2D, mais attention pas n’importe quelle 2D, une 2D dite HD portée sur Unreal Engine 4. Si l’on doit bien admettre une chose, c’est que ça en met plein la vue. Octopath Traveler se place ainsi parmi les plus beaux jeux de la Switch à l’heure actuelle. Des montagnes verdoyantes, en passant par le désert ou les chemins enneigés, les détails ne sont pas en reste. On remarquera l’eau réalisé en photo-réalisme qui rend exceptionnellement bien. Malgré tout, on remarquera par moment de très légères chutes de framerate lorsque les décors sont un peu trop chargés. Cependant, on excusera ceci bien volontiers tant on en prend plein la figure H24.
Passons maintenant aux effets en combat, car en réalité c’est une « fausse » 2D, expliquons-nous : Le jeu est un « trompe œil », c’est à dire que nous avons l’impression que le jeu est en 2D mais en réalité il est modélisé en 3D pour pouvoir y insérer les effets en combat (ou les torches et les effets de lumière sur la map). Ainsi lorsque vous utiliserez des attaques de feu, glace, foudre, vent, etc… Vous constaterez qu’elles sont en 3D. Un pari osé qui rend bien à l’écran, pour ne pas bouder notre plaisir que cela soit en portable ou en mode TV. Parlons maintenant de l’audio et n’y allons pas par 4 chemins, Octopath Traveler est une tuerie auditive. Soignée, propre et variée, la bande son n’a absolument rien à envier à un autre RPG. Violon, guitare, piano, douceur, tout y passe, on ne saura que trop vous conseiller d’aller l’écouter. Chose qui nous parait des plus importantes dans un RPG, le thème de combat, il est dynamique et pousse à l’action. D’ailleurs, quelle meilleure transition pour vous parler du système de combat ?
J’veux me batter, laissez-moi me batter !!!!
Tout bon RPG qui se respecte se doit d’avoir un système de combat digne de ce nom. Octopath Traveler était attendu au rendez-vous et il le savait, c’est pourquoi on se retrouve devant un système de combat soigné. Le jeu reprend les grandes lignes de Bravely Default (normal c’est la même équipe qui a fait le jeu nous direz-vous) mais en gardant tout le Bravely sans les Defau(l)ts ! On a souvent reproché à B.D. d’être lourd et pas assez dynamique dans son système de combat au tour par tour… Octopath Traveler est tout l’inverse. Pas besoin d’économiser de tour pour pouvoir cumuler des attaques nommés ici « Point d’exaltation ». On en a un automatiquement à chaque début de tour que l’on ait attaqué ou défendu lors du tour précédent, excepté si vous les avez utilisé au tour précédent. Ces points d’exaltation (vous pouvez en utiliser 3 au maximum lors du même tour) permettent soit de réaliser plusieurs attaques dites « basiques » ou alors d‘augmenter la puissance de vos compétences de façon considérable.
Les compétences parlons-en, vous débutez l’histoire de votre personnage avec deux. Pour en gagner des nouvelles, il vous suffit d’utiliser des PC (point de compétence) gagnés en combat pour apprendre celle que vous souhaitez via le menu principal, vous pouvez les apprendre dans n’importe quel ordre. VOUS réalisez l’évolution de votre personnage comme vous le souhaitez et ça, c’est franchement cool. Après dans les autres grandes lignes, le système de combat est clair, dynamique car tout s’enchaîne vite. On retrouve les altérations d’état classiques : Poison, confusion et bien d’autres. En haut de l’écran vous aurez une petite barre vous indiquant qui va attaquer, quand et dans quel ordre cela va-t-être réalisé. Cela s’avère d’autant plus pratique que certaines compétences donnent l’avantage au personnage l’ayant utilisé au tour suivant.
Pour terminer sur les compétences, elles sont propres à chaque classe, vous ne retrouverez pas de doublons. Les classes sont assez simples : Danseur, Guerrier, Voleur, Apothicaire, Chasseur, Érudit, Marchand et Prêtre. Ces classes, une fois que vous aurez trouvé le temple associé à celle-ci (caché sur la map), pourront être attribuées en classe secondaire sur vos personnages. Et attention, petit bonus, le jeu contient également 4 classes secrètes à trouver : Augure, Enchanteur, Seigneur des Runes et Maître de Guerre (les 4 classes bonus vous demandent de défier un boss spécifique et unique).
En plus d’avoir des capacités uniques en combat, les classes de bases des protagonistes permettent de réaliser des actions particulières auprès des PNJ à savoir : Charmer pour la danseuse, Défier pour le Guerrier ou encore Dérober pour le voleur. Pour ne rien vous gâcher de la surprise, on vous laisse découvrir les autres. Concrètement, ayant déjà pu être testé dans la démo, le système de combat d’Octopath Traveler se laisse jouer aisément et ne rend pas pénible les phases de farm intensives et ça, c’est cool. D’ailleurs, petite chose intéressante, lorsque vous allez changer de zone sur la map, un indicateur de level indique le niveau recommandé pour cette dernière (pratique pour pas se faire one shot et bien anticiper).
Dis, dis, tu me racontes une histoire ? D’accord mon chéri, mais laquelle ?
Voici certainement le sujet le plus controversé dans Octopath Traveler, la narration. Annoncé depuis que le jeu a été présenté, la narration d’Octopath Traveler adoptera ce que nous appellerons ici une « Narration segmentée » : explications. 8 personnages, 8 histoires, une aventure. Cette phrase résume parfaitement ce qu’est la narration du jeu, 8 personnages n’interagissant pas entre eux au cours de leur histoire personnelle (qui se découpe en 4 chapitres chacune, et/ou un niveau précis vous est recommandé pour y accéder). En effet, à part proposer « un coup » de main on ne fait rien de plus.
Hormis le personnage concerné par l’histoire, aucun autre ne parle ou intervient. Ce type de narration est un parti pris qui rend cette dernière intéressante. Cependant, lorsque l’on utilise ce genre de scénario, il y a du bon et du moins bon. On retrouvera certaines histoires matures comme celle de Primerose, une enfant de haute lignée devenue prostituée pour venger la mort de son père. D’autres totalement bateaux, comme celle de Ophilia ou il s’agira juste d’aller allumer des cierges dans des villes pour un rituel. Ce mode de narration a permis éventuellement à Octopath Traveler d’éviter le naufrage scénaristique tant les histoires sont radicalement différentes les unes des autres : il y en a pour tous les goûts.
En ce qui nous concerne, cela est un pari osé qui nous a plutôt séduit et que l’on aimerai revoir plus souvent dans les J-RPG à venir. Seul réel regret de cette méthode scénaristique, c’est que nous n’avons pas de réel combat final. Avec un sentiment d’avoir mis un point final à l’histoire « globale » du jeu. Notons tout de même qu’un minimum de 50 heures de jeu vous sera nécessaire afin de terminer toutes les quêtes principales sans compter les quêtes annexes ci et là.
Le chapitre final… Enfin le verdict quoi.
CONCLUSION : 9/10 EXCELLENT
Octopath Traveler est comme une bonne recette de grand-mère que l’on prend plaisir à retrouver, ça a du goût et on en redemande. On appréciera les graphismes à l’ancienne avec la 2D HD, la bande son et le système de combat dynamique au tour par tour (que l’on pensait à jamais perdu). On regrettera cependant, un équilibrage un peu décevant dans la pertinence scénaristique des 8 histoires proposées. Ne vous attendez pas à un assemblage entre les histoires (il n’y en a pas) et ce n’est pas prévu pour, mais il est vrai que l’on aurait aimé un éventuel boss final pour venir mettre un dernier point final à notre histoire et avoir un sentiment d’avoir achevé cette œuvre. En somme, si vous êtes un joueur de RPG et que vous souhaitez vous replonger dans la nostalgie de vos premiers jeux, allez-y les yeux fermés, Octopath Traveler vous portera du début à la fin.
Points positifs :
– Une 2D HD magnifique
– Le système de combat de Bravely Default sans les lourdeurs
– Un charadesign réussi (Protagoniste et boss inclus)
– Un jeu excellent sur Switch
– Des scénarios matures…
Points négatifs :
– … Et d’autres beaucoup moins intéressants
– Quelques rares baisses de framerate