Le dernier magasin indépendant de l’Essonne va fermer ses portes
Le jeu vidéo est l’industrie de loisir qui génère le plus d’argent, loin devant le cinéma, pourtant il reste très difficile d’en vivre. Les magasins de jeu vidéo, que ce soit des enseignes ou des indépendants ont du mal à survivre derrières des producteurs de jeu vidéo beaucoup trop gourmand. Dans l’Essonne la dernière boutique spécialisée du département va bientôt baisser le rideau.
Les éditeurs de jeux vidéo ne cessent d’annoncer des bilans records et surtout des ventes exceptionnelles de leurs productions. Red Dead Redemption 2, Call of Duty Black Ops IIII ou FIFA 19 ce sont tous vendus au-delà des précédentes éditions. La PlayStation 4 réalise un carton depuis 5 ans, la Switch domine les charts mondiaux, et pourtant les enseignes de jeux vidéo ont du mal à prospérer.
C’est le cas du magasin Net Games à Arpajon qui va fermer ses portes au 31 décembre 2018, après 21 ans d’existence. Michel Wagner et Katia Carles ne peuvent plus faire face aux systèmes de distribution des grandes enseignes et aux prix pratiqués par leur fournisseurs.
« Nous achetons à nos fournisseurs des jeux plus chers qu’ils ne sont vendus en grande surface, se plaint la gérante. Là-bas, ils peuvent vendre de temps en temps à perte tant que le bénéfice global du rayon reste positif. Mais surtout, le mode de consommation des joueurs a totalement changé. Ils préfèrent télécharger directement les jeux plutôt que de venir les acheter en boutique. »
Propos recueilli par Le Parisien
Il est vrai que le dématérialisé montre une belle progression, d’ailleurs dès le mois de janvier 2019 les ventes numériques seront comptabilisées dans les charts anglais. Mais aussi la marge des bénéfices alloués aux petites enseignes est ridicule. En moyenne pour une PlayStation 4 Pro vendu à 399 euros, le bénéfice de l’enseigne est de 20 euros. Sur les jeux à 70 euros, l’enseigne ne touchera que quelques euros (entre 5 et 10 euros). C’est pourquoi de nombreux magasins s’en remettent au marché de l’occasion, pour faire fructifier leur chiffre.
Les grandes enseignes de type Fnac, Carrefour, Auchan ou encore Amazon pour les ventes en ligne, ne vendent pas uniquement que des jeux vidéo. Vendre à perte ou presque, est un moyen d’attirer de nouveaux client sur le segment jeux vidéo, pour les inciter à acheter dans les autres rayons. Ils obtiennent des prix sur l’achat de stocks plus conséquent qu’un indépendant. Là où un magasin tel que Net Games va pouvoir prendre 20 à 50 unités d’un même jeu pour son lancement, l’enseigne de grande distribution va pouvoir commander jusqu’à 10 000 pièces pour l’ensemble de ces points de ventes. Ainsi ils toucheront le jeu en gros, avec une belle remise leur permettant de casser les prix. Là où une grosse nouveauté se retrouvera à 65/70 euros dans un magasin de quartier, la grande enseigne le proposera à 45/50 euros au lancement. Face à ce genre de procédé, les petites boutiques ne peuvent pas rivaliser.
Net Games est la toute dernière boutique indépendante de l’Essonne. Un département tout entier de l’Île de France, sera alors démunie de ce type d’activité à l’heure où le jeu vidéo explose dans le monde entier. Le couple a bien essayé de trouver un repreneur, mais en vain, preuve de la difficulté de pouvoir faire tourner une telle affaire.
« Nous aurions aimé que quelqu’un prenne la relève, regrette Katia Carles. C’est un commerce dynamique qui participe à l’animation de la ville. De notre côté, nous comptons tout de même poursuivre notre activité sur Internet et peut-être monter des boutiques éphémères. »
Propos recueilli par Le Parisien
Le magasin était connu de nombreux collectionneurs au-delà des limites du département et même de la région. Nombreux sont les acheteurs qui viennent des quatre coins de la France. Net Games propose en plus des dernières nouveautés un large choix de jeu rétro, de toutes époques.
Le magasin fermera le 31 décembre 2018, mais ça ne doit pas être un moment triste, comme le rappel Michel et Katia. Le couple a décidé d’organiser une soirée disco le 28 décembre, avec cent lots à gagner. Le dress code est disco ! Quand aux propriétaires, ils ont déjà de la suite dans les idées, en poursuivant leurs activités sur Internet ou au travers de boutiques éphémères.
Source : LeParisien