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Support : PS4 – Développeur : Quantic Dream / Éditeur : Sony – Genre : Narratif – Sortie : 25/05/18 – PEGI 18+


Detroit Become Human : Le test de Cage ?

Quantic Dream n’a pas chômé pour son nouveau titre, toujours fidèle à la PlayStation. Plus de 3 ans de développement et de grandes collaborations pour faire de cette oeuvre une expérience à part entière (comme s’y attache avec ferveur David Cage, depuis Farenheit). Pour le scénariste et réalisateur vidéo ludique de 48 ans, chacune de ses nouvelles productions est un défi supplémentaire pour marier les deux cultures, le jeu vidéo et le cinéma.

Mais réaliser un grand film, tout comme développer un jeu vidéo d’ambition, nécessite beaucoup de travail et de maîtrise. Ne doutons pas que David Cage en a, la preuve avec des titres à l’aura si particulière, tels que The Nomad Souls ou Faranheit.

Detroit Become Human semble mettre la majorité de la presse d’accord, sur le fait qu’il s’agisse d’un jeu fort, profond et d’une expérience saisissante. Hélas, ce n’est pas du tout notre cas et le décalage entre notre ressenti est tel qu’on se demande pourquoi il y a tant d’extase autour de ce titre.

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De la curiosité, au doute…

Alors oui, le titre est magnifique techniquement. Les visages sont bluffant de réalisme et le tout animé avec précision. On peut lire sur les lèvres, on peu y voir le souffle déformer légèrement le bord de la peau. Les grandes artères de la ville de Détroit sont remplies de vies et de détails. Le tout porté par une réalisation propre et maîtrisée. Les points forts s’arrêteront là, sur l’aspect technique, visuel et l’animation.

Bien que la réalisation et le choix des plans répondent à une logique, l’oeuvre de David Cage est bien éloignée, artistiquement parlant, d’une création de Godard ou de Kubrick, auxquelles le jeu a déjà été comparé. Il s’agit bien de deux salles et deux ambiances. Mais là où le bas blesse sur Detroit Become Human, c’est sur son scénario et son écriture. Le scénario de Detroit Become Human n’est qu’un patchwork d’idées sans fond.

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Des questions sans réponses

Du début à la fin, nous ne cessons de rencontrer des scènes sans aucun sens, mal écrites et mal racontées. Tout est sans dessus dessous. Une scène qui se passe au début, sera complètement détruite par une scène quelques heures plus tard. La plupart des chapitres, ne font que nous retourner sur nos choix et nous poser des questions sur la logique et la crédibilité des événements.

Detroit se veut un jeu qui dénonce les dérives d’une évolution technologique, dont nous sommes en train de vivre les prémices dans la réalité. La robotique qui va s’installer chez nous est à notre image. Cela part d’un bon postulat, mais le jeu de Quantic Dream, n’ira jamais au bout de ses idées. Beaucoup d’éléments autour des craintes que cette technologie puisse apporter seront abordés, sans qu’à aucun moment ils seront vraiment traités. Ces passages ne sont que survolés et c’est bien dommage.

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Une salade d’idée sans assaisonnement

Au-delà de l’aspect écriture mal construite, il y a aussi un gameplay inexistant. Si vous avez fait la démo, oubliez tout ce que vous aviez pu voir. Cette démo aussi fascinante, prenante et généreuse en terme de possibilité qu’il soit, est aussi une énorme publicité mensongère. Elle condense en quelques minutes, dans une seule scène, ce que l’on va retrouver sur la totalité du jeu, mais jamais en même temps (sauf cette scène). Par exemple le pourcentage de stabilité au-dessus d’un personnage pendant une négociation, n’arrivera que 3 à 4 fois (selon vos choix) dans toute l’aventure. Récupérer des indices pour influencer une discussion est assez rare aussi. Certes il vaut mieux tout fouiller et regarder, car certains éléments clés bien dissimuler, permettront de déverrouiller des dialogues. Mais contrairement à ce que la démo nous vend, cela est très dispersé dans l’ensemble du jeu. Des scènes aussi intense que la démo, il y en a au final que très peu.

Nous avons fait le jeu dans son ensemble et pas qu’une fois, pour s’essayer aux différents embranchements scénaristiques. Nous avons pas mal de profil différent dans l’équipe et on se rend bien compte qu’en fonction de nos personnalités, le jeu offre des alternatives bien différentes. Cela est très amusant à voir et à comparer. Bien que cependant certains dialogues pointent vers la même finalité, peu importe le ton que l’on prend.

Dans l’ensemble le titre s’est divisé en 3 parties. La première, celle de la découverte et de la curiosité. Nous attendions tous impatiemment ce nouveau jeu de Quantic Dream, surtout après l’excellente démo. Nous avions des étoiles pleins les yeux et nous sommes lancés tous enjoués dans cette aventure. Puis au bout de quelques heures, bien que certaines scènes fut prenantes, c’est la déception. Nous allons débuter la seconde partie, où nous sommes déçu, mais la curiosité nous fera continuer. Il s’agit à ce moment là de connaître l’oeuvre dans son ensemble et savoir si dans un tout ça donne du sens. Puis la troisième et dernière partie est la plus difficile. Plus on avance, plus les questions se posent, plus la logique disparaît, les défauts se grossissent, les incohérences fleurissent partout, plus rien n’a de sens mais faut terminer l’aventure. Ce n’est plus l’intrigue du jeu qui nous transporte, mais juste le devoir de terminer pour donner son avis, avec une seule envie, que la fin arrive rapidement.

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Une autre des nombreuses frustrations que le jeu nous a donné, ce sont des chapitres qui peuvent être complètement tronqué de toute une partie, en fonction de nos décisions. Tout un pan de jeu effacé pour un seul choix, parfois sans grande conséquence. Vous pourrez voir sur l’arborescence de votre aventure, post mission, que certaines de vos décisions ont coupé court près de 20 minutes de jeu supplémentaire. Ce qui fait varier la durée de vie générale du jeu entre 9 et 14h en moyenne pour une première partie. Une fois le jeu terminé une première fois, vous pourrez recommencer le jeu pour tenter une autre approche, ou alors juste refaire les chapitres selon vos envies.

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Android ou Humain ?

Tant de questions et trop peu d’explications. Il manque beaucoup de traitement aux informations qui nous sont données. Beaucoup trop d’éléments en suspend, de choix sans aucun sens, de situations sans aucune logique. Pourquoi les Androids prennent tout d’un coup conscience de leurs sentiments ? Comment cela se produit ? C’est toute l’intrigue du jeu et la réponse, sans vous spoiler, n’apporte aucune explication rationnelle. C’est comme si Detroit Become Human étais construit sur un principe de jeu entre amis, quelqu’un pose la première partie d’une intrigue et une autre personne doit imaginer l’autre partie (peu importe sa nature).

Ce qui pour nous est le plus gros soucis d’incohérence du jeu, est une des émotion des Android. S’ils ne sont pas programmés pour avoir des émotions, mais juste comme des machines pour accomplir des tâches spécifiques, pourquoi peuvent-il pleurer ? Pleurer avec des larmes ? Si ce sont des Androids, pourquoi peuvent-il s’écrêter du liquide lacrymal ? Les scènes où les Androids se mettent à pleurer, sont juste le summum du « WTF » dans le jeu et met en exergue toute l’incohérence de l’oeuvre.

Avec tout ces défauts de structure et de construction, nous n’avons pas pu nous sentir capter  par l’aventure. Il y a bien des passages où les choix que nous devons prendre nous font réfléchir. Où nous n’allons plus penser en tant que nous même, mais le personnage joué. Ces passages sont d’une grande intensité d’émotion pour le joueur et on se rend compte du potentiel des choix. Cependant ces moments ne font pas partie d’un tout logique.


CONCLUSION : 5/10 MOYEN

Vous l’aurez compris, Detroit Become Human est une déception pour nous. Et si le test n’est que l’avis totalement subjectif de son rédacteur, cet avis est rejoint par une grande partie de la rédaction ayant pu jouer et terminer le jeu. Bien sûr il a des qualités, techniquement il est superbe, la réalisation est propre, le motion capture atteint des sommets de réalismes, tout comme l’animation faciale des personnages. Le jeu a de nombreuses bonnes idées, mais elles ne sont souvent pas bien exploitées. David Cage et ses équipes ont eu de l’ambition, mais ils ne sont pas allés jusqu’au bout. Ce titre nous laisse un amer goût de projet pas fini, ou trop désordonné. Le jeu n’est pas dénué d’intérêt, car le concept de choix et d’embranchement est très intéressant et on y revient assez souvent pour voir les alternatives proposées par le scénario. Mais l’assemblage bancal de ce tout fait qu’on se pose beaucoup plus de question sur le jeu, qu’il a de réponse à nous donner.


Points positifs :

– Techniquement réussi

– Une motion capture hallucinante

– Une réalisation maîtrisée

– Doublage de qualité que ce soit en VOST ou en VF

Points négatifs : 

– Scénario bancal

– De nombreuses incohérences dans les scènes

– Des sujets pas assez poussés

– Trop de questions qui restent sans réponses

– Une trop grande ambition, ni assumée, ni accomplie


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